Presque tout dans notre société nous empêche de développer
notre patience. Toujours plus vite. Nous nous habituons à tout obtenir
immédiatement. Avant toutes choses, je tiens à préciser que la patience n’est
pas un profil de personnalité : ce n’est naturel pour personne et tout le
monde peut la développer. Il faut dépasser le cadre de la vie terrestre afin de
voir la vie différemment et ainsi, développer certaines qualités, dont la
patience, qui sont trop souvent oubliées de nos jours. L’impatience se retrouve de plus en plus
autour de nous pour plusieurs raisons.
D'abord, parce que nous avons tendance à ne penser qu’à
notre petite personne. Avouons-le, nous sommes tous égoïstes par nature. Ne
vous mettez pas la tête dans le sable et observez-vous réellement, et pas de
façon complaisante. Nous sommes programmés pour nous occuper de nos propres
intérêts. À la base, c’est un instinct de survie. Mais complètement laissé
aller, c’est un poison pour les gens qui nous entourent. Et à cause de cela,
nous ne voulons pas attendre et désirons immédiatement l’objet de notre
convoitise. Parfois, nous voulons quelque chose de bien et raisonnable...mais
tout de suite. Avez-vous remarqué que souvent, si nous n’obtenons pas instantanément
ce que nous voulons, c’est parce qu’il y a d’autres personnes qui attendent
aussi? Et pourquoi serais-je plus important(e) que l’autre qui attend?
Ensuite, comme je l’ai dit précédemment, parce que nous
sommes habitués à ce que tout se passe vite, nous devenons impatients. C’est
ici que notre société actuelle nous apporte un conditionnement supplémentaire à
ne pas attendre. Nous détestons les pertes de temps, et si il n’est pas mal de
rechercher l’efficacité, il y a une limite. Surtout si nous mettons une
pression exagérée sur les autres. L’efficacité n’est surtout pas l’énervement
et le stress. Et tous ces appareils censés nous faciliter la vie ont finit par
augmenter les standards de propreté et de rapidité. Pensez qu’il y a une
époque, une femme qui avait besoin d’un vêtement devait le coudre, et même à la
main à une époque plus reculée. Si quelqu'un avait besoin d’une information, il
devait se procurer un livre pour le savoir. La mécanique, l’électricité et les
ordinateurs nous ont habitués à une très grande rapidité, et parfois, plus de
stress.
Et finalement, nous sommes impatients parce que nous voyons
plus souvent ce qui ne va pas que ce qui va. Je donne un exemple :
J’attend à l’hôpital pour une entorse et c’est long! Comment je réagis? 1-« Quelle
mauvaise journée! Il fallait bien que ça m’arrive à moi! Que nos hôpitaux
fonctionnent mal! Je suis malchanceuse! » 2-« Une chance que ce n’est
pas cassé! Ce n’est vraiment pas si grave. Il y a des choses bien pires que ça.
C’est vraiment super d’avoir les services de santé gratuits. C’est très bien
qu’ils s’occupent de cet enfant qui a de la difficulté à respirer avant
moi. » Je pourrais vous donner plusieurs autres exemples mais, je pense
que vous comprenez l’idée : le négativisme nous rend aussi impatients.
Pour terminer, j’attire votre attention sur la photo en haut de cet article. Il s’agit de rosiers sauvages venant du bas
St-Laurent. Nous en voulions chez nous et ça nous a pris 6 ans avant de voir
des résultats. Avez-vous remarqué que tout ce qui touche la nature demande du
temps? Il n’y a pas de technologie pour hâter la croissance des plantes, des
fleurs et des arbres : il faut juste attendre. La patience est une vertu qui se cultive dans la paix. Si vous voulez avoir une compagnie agréable,
cultivez-la. Respirons par le nez : attendre a rarement fait mourir
quelqu'un.
Ce texte vient d'une revue où j'ai publié pendant quelques années: Actes 29.